Disque

Joe Eceiza: 'Mejor perder que huir'

(Auto-édité, 2013)

Publié par Dermid Ness et traduit par Félix Belencoso - Il y a 8 années
Joe Eceiza: 'Mejor perder que huir'

Nous voici devant le premier disque en solitaire de Joe Eceiza, ex guitariste du groupe madrilène Le Punk et collaborateur habituel de bandes comme Garaje Jack, Rubén Pozo, Pablo Galiano ou Látigos calientes. Néanmoins nous ne sommes pas devant son premier travail en solitaire puisque auparavant il nous a laissé le EP Pequeño martirio qui contenait quatre chansons au format acoustique et qui mettait déjà en évidence ce que nous avons maintenant entre nos mains, un grand guitariste et compositeur qui, d'ailleurs, déploie de plus en plus ses registres vocaux.

Mejor perder que huir est donc le premier disque de Joe Eceiza. Le titre est une véritable déclaration d'intentions, et son contenu huit chansons qui montrent l'évolution à tous les niveaux d'un grand compositeur et guitariste -on le savait- qui en plus nous surprend maintenant avec des paroles très soignées et un bon travail vocal, un rôle dans lequel on dirait qu'il se sent de plus en plus à l'aise. D'ailleurs il vient soutenu par les collaborations de Leiva à la batterie, Dani Patillas (Le Punk) à la basse, Pablo Galiano et Laura Rubio (Garaje Jack) aux choeurs, César Pop à l'accordéon, Tuli au saxo et les propres Garaje Jack et Héctor Tuya comme bande dans 'Dejé de ser'.

Le disque contient huit plages dont le trait commun est la simplicité et l'élégance. On cherche les harmonies sans tomber dans ce qui est compliqué ou innécessaire et les chansons ont un point de dépouillement qui suggère plus qu'il ne montre, car tout est à sa place et très soigné, soutenant toujours la mélodie et les paroles. Rien ne manque ni est en trop, tout accompagne pour réussir une grande ambiance dans chaque chanson, depuis la basse rythmique de la batterie et de la basse, en passant par les accompagnements de l'accordéon, du saxo ou des propres choers. Sous ces traits communs Eceiza nous offre un disque plein de nuances et de styles qui vont depuis un rock émoustillant ("La reina del drama", "Tu vecinita") jusqu'à une délicate pièce instrumentale ("Martina") en passant par le blues ("La noche"), mais sonnant toujours à Joe Eceiza.

Allons-y avec les thèmes:

  • 1.- 'No moriré': Une bonne chanson pour entamer le disque; depuis le premier moment on remarque le changement de registre vocal, d'une voix qui sonne beaucoup plus sûre et travaillée. Un grand travail pour créer l'ambiance propice pour la chanson de la part de la batterie et de la basse, tout très ajusté et avec des changements de dynamique, des arrêts et un solo de guitare qui montre que, bien que itunes nous parle d'un disque de pop/rock, nous sommes devant un grand travail de Rock adulte. Il faut lire les paroles pendant l'écoute, elles sont très bonnes.
  • 2.- 'La reina del drama': Peut-être la chanson la plus "facile" à écouter du disque. J'ai lu parfois qu'elle peut rappeler "Los Ronaldos", peut-être à cause de son rythme et du timbre de voix de Joe, mais moi je trouve qu'elle sonne toujours au propre style d'Eceiza. Les choeurs et le saxo contribuent à créer une ambiance qui fait que la chanson marche bien depuis le début.
  • 3.- 'El día de tu boda': Nous passons à une mélodie plus triste, guitares acoustiques très soignées et l'accordéon créant une bonne couche pour la voix.
  • 4.- 'No están aquí': La chanson la plus courte du disque. Thème acoustique avec une très belle touche, une certaine naïvete qui te laisse un bon goût sur les lèvres et une certaine sensation de paix.
  • 5.- 'Dejé de ser': Chantée à duo avec Laura Rubio de Garaje Jack. Les paroles sont parfaites pour un duo et elles s'encaissent très bien. Il y a des phrases géniales: «Puede ser que la estúpida, química, jugara su papel y oxidara junto al tiempo, lo que juro que ayer fue un baile sin red» ("Il se peut que la stupide, chimique, jouait son rôle et rouillait avec le temps tout ce que je jure ce fut hier une danse sans filet"). Le rythme et l'instrumentation très bien choisis. Une des meilleures chansons du disque.
  • 6.- 'La vecinita': Une autre chanson de "rock émoustillant". A cause de son rythme elle entre bien depuis les premières écoutes, bien qu'il en faille plusieurs pour écouter tous les détails. Le refrain est très bon (c'est normal qu'il nomme le disque), «mejor bailar que andar siempre llorando, mejor perder que huir» ("il vaux mieux danser que pleurer tout le temps, mieux vaux perdre que fuir").
  • 7.- 'La noche': Un blues bien dans son genre. Très joli musicalement, avec un arrière-goût amer (“Hoy no será la noche, de los justos y los buenos, los que hacen que esto pueda salir bien”- "Aujourd'hui ce ne sera pas la nuit, des justes et des bons, ceux qui font que ceci puisse bien aller").
  • 8.- 'Martina': Thème instrumental pour finir le disque. Des arpèges délicats et un son très proche et dépouillé.

Définitivement un disque pour écouter attentivement et en tranquillité (toujours ma recommendation d'utiliser de bons écouteurs), à cause des sensations qu'il déclenche et les nuances qu'il cache. Comme Joe Eceiza lui-même dit: "Il faut qu'il nous reste des affaires à traiter. Ce sont des excuses vaines pour pourvoir bavarder."

Nous laissons donc son prochain disque comme affaire à traiter, comme une excuse pour bavarder.

Texte: Dermid Ness / Traduction: Félix Belencoso

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